Biodiversité Rétaise

Texte : Pierre Le Gall

L’île de Ré étant un domaine insulaire, les peuplements permanents qui y sont installé ne sont que très peu impactés par des arrivées d’individus extérieurs.

Les caractéristiques géologiques de ses sols tant dans les domaines terrestres que maritimes, entraînent des spécialisations parfois très poussées des conditions « climatiques » et par voie de conséquence permettent la mise en place d’habitats extrêmement variés.

Il en résulte que la répartition des populations rétaises forme une vaste mosaïque très complexe sur les 85 km² terrestres et sur les 45 km² d’estrans littoraux.

Vouloir parler de la biodiversité de ce domaine consiste dans un premier temps à dresser l’inventaire de toutes les espèces vivantes présentes, et sans omettre un groupe d’espèces. Cette liste est donc très longue et le taux de diversité très élevé. Pour ne prendre qu’un seul exemple, les 85 km² terrestres accueillent plus de 890 espèces de végétaux à fleurs et à graines, soit un taux de plus de 10 espèces différentes par km² soit 0,1 km² pour une espèce. Il faut savoir que les scientifiques estiment qu’une région présente une très bonne biodiversité générale lorsque l’on y dénombre 3000 espèces différentes pour une surface de 10 000 km², soit 3,3 km² pour 1 espèce. L’île de Ré serait donc un site tout à fait exceptionnel par sa biodiversité.

Depuis 10 ans, l’association Ré Nature Environnement s’est donné comme objectif principal de participer à la gestion des espaces naturels insulaires et pour cela elle réalise bénévolement et tient à jour un maximum d’inventaires indispensables pour de nombreux groupes d’organismes vivants. La Communauté de communes de l’île de Ré quant à elle, grâce à ses recettes d’écotaxe a fait établir des inventaires par plusieurs bureaux d’études et tient à jour également des inventaires grâce au travail de ses écogardes qui parcourent régulièrement les divers terrains de l’île. La LPO de son coté, travaille aussi pour inventorier les oiseaux bien entendu mais aussi d’autres groupes systématiques (libellules, amphibiens, etc.). Depuis longtemps, des scientifiques (Universités, Muséum d’Histoire Naturelle, CNRS, IFREMER, etc.) ont parcouru les territoires terrestres et maritimes rétais et ont noté les espèces qu’ils ont eu l’occasion d’y rencontrer. En 2000, Xavier de Montaudouin et Pierre Guy Sauriau ont établi et publié un bilan d’un maximum de publications relatives à la macrofaune des pertuis charentais.

L’ensemble de ces inventaires permet maintenant de commencer à mieux connaître le patrimoine naturel de l’île et d’apprécier sa riche biodiversité.

Cette meilleure connaissance fait apparaître de nombreuses espèces qui par leur rareté, méritent d’être connues et préservées.

Afin de dresser le bilan de nos connaissances à ce jour, nous allons donner quelques informations pour la totalité des groupes d’organismes vivants, en utilisant une classification un peu simplifiée basée sur des critères descriptifs, dont certaines catégories sont remises en questions par les spécialistes actuels qui utilisent maintenant des critères basés sur l’étude des matériels génétiques.
Classiquement, le monde vivant est divisé en 6 RÈGNES dont les limites sont établies sur les structures et le fonctionnement des composants. Les Bactéries, les Archées et les Protistes sont les 3 premiers, les plus simples dans leurs organisations, et tous microscopiques, ce qui explique que nous n’en tiendront pas compte ici, bien qu’ils existent et participent très activement à la BIODIVERSITÉ générale et au fonctionnement des réseaux du monde vivant.

Les 3 règnes suivant sont les Champignons (= Fonge), qui utilisent des matières organiques en les décomposant, les Végétaux qui créent de nouvelles matières organiques par photosynthèse et les Animaux qui utilisent des matières organiques existantes en les ingérant grâce à un appareil digestif.

Otidea toumikoskii Harmaja, 1976
Otidea toumikoskii Harmaja, 1976
Crédits : Pierre Le Gall

A - Les CHAMPIGNONS ou FONGE

Le règne des Champignons est divisé en 2 grands ensembles, les champignons inférieurs subdivisés en 4 groupes, dont nous ne parlerons pas ici, et les champignons supérieurs. En relation avec le mode de formation des spores, les champignons supérieurs forment 2 grands ensembles : les Ascomycètes chez qui les spores se forment à l’intérieur de poches à paroi fine que l’on nomme les asques, et les Basidiomycètes chez qui les spores se forment directement par bourgeonnement à l’extérieur et à l’extrémité de structures appelées basides.

Geastrum striatum DC., 1805
Geastrum striatum DC., 1805
Crédits : Pierre Le Gall

Les Champignons supérieurs ne sont connus et inventoriables que par les structures où se forment et se développent les spores qui sont les cellules assurant la reproduction et la dissémination de chaque espèce. En réalité ces structures n’apparaissent que dans des conditions « climatiques » très particulières (température, humidité, richesse nutritive des supports) alors que le champignon est présent toute l’année sous forme de fins filaments, le Mycellium. Ils déroulent des stades successifs dans des cycles biologiques complexes avant de pouvoir se reproduire durant une phase très courte.

Amanita phalloides (Fries) Link, 1833
Amanita phalloides (Fries) Link, 1833
Crédits : Pierre Le Gall

Même les Champignons supérieurs ne sont inventoriés que par des spécialistes et ne sont que très rarement pris en compte dans les inventaires et autres documents traitant de la biodiversité.
Cependant et face à leur importance primordiale dans le fonctionnement du monde vivant, l’association Ré Nature Environnement a établi une convention avec la Société Mycologique du Massif d’Argenson (SMMA) dans le but de progressivement établir l’inventaire des espèces fongiques présentes sur l’île de Ré.
Fin 2016 notre liste très provisoire comporte déjà 720 espèces différentes, mais sera confortée rapidement grâce à des prospections de plus en plus nombreuses et efficaces.
Le territoire français métropolitain en contient environ 30 000. Parmi ces 720 espèces, il y en a de très nombreuses qui sont considérées comme rares, voir même très rares ou endémiques car liées à des habitats particuliers bien représentés au patrimoine naturel rétais. Pour ne prendre qu’un seul exemple, les « étoiles de terre » ou Géastres qui sont étroitement liés aux vieux Cyprès de Lambert dont l’île de Ré représente le secteur européen le plus dense. Ce sont 15 espèces rétaises qui sont présentes par rapport à une vingtaine connues en Europe. De ce fait, ces champignons ne devraient-ils pas être pris comme symbole de l’île de Ré. Quelques espèces ont même été créées récemment à partir de récoltes effectuées sur le territoire de l’île : Otidea tuomikoskii.

Geastrum fornicatum (Huds.) Hook., 1821
Geastrum fornicatum (Huds.) Hook., 1821
Crédits : Pierre Le Gall

B - Les VÉGÉTAUX

Les Végétaux sont pratiquement les seuls organismes capables de produire de la nouvelle matière organique en utilisant des éléments minéraux puisés dans le milieu, de l’eau et de l’énergie prélevée dans les rayonnements solaires. Ceci est possible grâce à des molécules particulières (les pigments) qui captent certains rayons dans le spectre lumineux très large qui nous arrive directement du soleil. Ce processus s’appelle la PHOTOSYNTHÈSE. Ce sont donc eux qui sont à la base de tous les réseaux trophiques qui constituent l’ossature de la BIODIVERSITÉ.

En fonction de leur organisation, les végétaux ont été subdivisés en plusieurs grands groupes : les Bactéries et les Cyanobactéries microscopiques, les Thallophytes constitués par des lames ou des filaments mais qui ne présentent aucune véritable différenciation en tissus, et les Cormophytes chez qui l’appareil végétatif est constitué de 3 parties différentes : des racines, une tige et des feuilles.

B1 - Bactéries et Cyanobactéries

Bien que ces deux groupes soient très importants dans le cadre de la Biodiversité, que les espèces soient très nombreuses partout, qu’ils jouent un rôle fondamental dans les réseaux de la biosphère, pratiquement rien n’est connu concernant leur présence sur le territoire de l’île de Ré.

B2 - Thallophytes

Tous ces organismes ont des structures très simples, leur corps ou thalle sont filamenteux ou en lames, sans différenciation particulière. En relation avec leur mode de fonctionnement, ils ont été séparés en Algues et en Lichens.

B21 - Les Algues

Vaucheria sp.
Vaucheria sp.
Crédits : Pierre Le Gall

Les algues sont des organismes vivant dans l’eau, n’ayant pas de racines et pas de vaisseaux capables de transporter des produits d’un point à un autre de leur corps.
Pour fonctionner, elles ont un besoin absolu de disposer simultanément de la lumière et de l’eau.
C’est cette dernière qui apporte les éléments minéraux indispensables pour que la photosynthèse se réalise. Sur l’île de Ré, étant donné la rareté des eaux douces, ce sont essentiellement les eaux marines littorales qui abritent la grande majorité des espèces d’algues.

À l’intérieur du groupe des Algues, il y a de nombreux classements qui deviennent extrêmement complexes avec les techniques de la systématique moderne. C’est dans un esprit de simplification que nous présentons seulement 5 ensembles basés sur la nature des pigments colorés présents : algues bleues, algues jaunes, algues vertes, algues brunes et algues rouges. L’inventaire des algues de l’île de Ré n’a jamais été abordé de façon approfondie.

Les botanistes algologues ne sont pas nombreux, et ils effectuent leurs prospections sur des sites qu’ils suivent depuis plusieurs années (Sainte Marie, Loix par exemple). Un seul exemple pour illustrer ce phénomène : ils ignorent Pelvetia canaliculata car cette espèce n’est présente que dans le Fier d’Ars et la Fosse de Loix, deux points où ils ne sont pratiquement jamais venus en prospection. Cet état de fait explique que la liste des espèces d’algues présentes sur les côtes rétaises est très loin d’être complète et que de multiples ajouts sont possibles à partir de prospections sur des zones non inventoriées à ce jour.

B211 - Les algues bleues ou cyanophycées
Ulva compressa
Ulva compressa
Crédits : Pierre Le Gall

Sur l’île de Ré une seule espèce aurait été déterminée, appartenant au genre Microcoleus. Elles vivent principalement sur les parties les plus hautes des vasières, dans les endroits les plus calmes, et y forment de très fines couches plus ou moins gluantes formées de filaments juxtaposés.

B212 - Les algues jaunes ou xanthophycées
Chara sp.
Chara sp.
Crédits : Pierre Le Gall

C’est la présence d’un pigment jaune accompagnant les chlorophylles vertes qui en font un groupe à part. Ce sont des algues formées d’une seule cellule géante, qui colonisent les parties hautes des vasières et y construisent des tapis de filaments courts d’un vert très soutenu et lumineux. Sur l’île de Ré, 2 espèces sont connues qui appartiennent au genre Vaucheria.

B213 - Les algues vertes ou chlorophycées
Codium tomentosum
Codium tomentosum
Crédits : Pierre Le Gall

Selon l’espèce, elles peuplent les eaux douces, saumâtres ou marines. Notre inventaire en compte 26 espèces différentes, filamenteuses ou en lames, dont beaucoup appartiennent au genre Ulva.
Il faut y ajouter les Characées qui doivent être considérées comme des algues vertes très évoluées, présentes dans les eaux douces (fossés permanents) et salées (marais salants). Elles ont une allure de plantes vertes classiques car elles sont constituées d’un axe principal sur lequel se développent des « feuilles » latérales disposées en verticilles, mais constituées d’une seule cellule, et qui vont différencier les éléments sexués à la période favorable. Plusieurs espèces (3 – 5) sont présentes sur l’île parmi une quarantaine connues en France. Certaines sont considérées comme très rares et en voie de disparition du fait que leurs milieux préférentiels sont peu à peu détruits par les activités humaines et par les apports d’impuretés toxiques (engrais agricoles et pesticides). Ces characées sont des éléments très importants du patrimoine naturel de l’île, certaines considérées comme disparues viennent d’être redécouvertes dans quelques bassins des zones de marais salés.

Ectocarpus
Ectocarpus
Crédits : Pierre Le Gall
B214 - Les algues brunes ou phéophycées
Fucus serratus
Fucus serratus
Crédits : Pierre Le Gall

Ce sont de grandes algues littorales vivant fixées sur des substrats rocheux. L’île de Ré en compte 42 espèces différentes. Les formes et tailles sont très différentes, allant de filaments de quelques centimètres (Pilayella) à des lames de plusieurs mètres de long (Laminaires). C’est dans ce groupe d’algues que l’on trouve les divers Fucus qui couvraient de très grandes surfaces sur nos estrans rocheux, mais qui subissent une importante régression depuis quelques années, marquant ainsi une dégradation notable de la qualité des eaux de nos pertuis.

Saccorhyza bulbosa
Saccorhyza bulbosa
Crédits : Pierre Le Gall
B215 - Les algues rouges ou rhodophycées

Ce sont des algues qui forment parfois de grands peuplements. Généralement, elles ne supportent pas les émersions prolongées, ce qui implique que nous ne les rencontrons que dans les flaques des estrans et dans les zones ne découvrant jamais aux basses mers. Les pigments rouges qui les caractérisent sont toujours associés à des pigments bruns ou verts qui parfois sont majoritaires et laissent penser que les échantillons devraient être classés dans un autre groupe.

Soliera chordalis
Soliera chordalis
Crédits : Pierre Le Gall

L’île de Ré en compte plus de 130 espèces différentes. Certaines sont à la limite de leur aire de répartition ce qui conduit à souhaiter les préserver. C’est par exemple le cas du maerl (Phymatolithon calcareum), qui est assez courant sur les côtes bretonnes, et qui est présent au large de Saint Martin.

Cette espèce est l’un des éléments considéré comme patrimonial par les instances du Parc Marin de la Gironde et des pertuis charentais.

Il est l’élément caractéristique d’un « habitat » particulièrement varié qui peut compter à lui seul plus de 500 espèces différentes sur une surface unité de 20 m² !!!

Phymatolithon calcareum
Phymatolithon calcareum
Crédits : Pierre Le Gall

B22 - Les Lichens

Ce sont des végétaux qui sont constitués par l’association de deux parties différentes qui échangent leurs avantages pour survivre dans des conditions très difficiles. Chaque espèce de lichens est le résultat d’une association étroite où un champignon et une algue se sont étroitement imbriqués l’une à l’autre. Le nombre évalué d’espèces en France est de 2 100.

Flavoparmelia caperata
Flavoparmelia caperata
Crédits : Pierre Le Gall

Ce sont des organismes qui ont ainsi réussi à coloniser tous les milieux possibles. Sur l’île de Ré, personne n’a jamais tenté d’en dresser la liste complète et ce travail reste donc entièrement à faire. Si l’on considère les espèces existantes dans les milieux comparables à ceux présents sur l’île, ce sont plusieurs centaines d’espèces qui sont potentiellement présentes. On en trouve sur tous les substrats rocheux (murs et toitures), sur les arbres, sur les sols sableux, en milieu terrestre et en milieu marin, etc.. Quelques espèces présentes et relativement communes sont considérées comme en régression et en danger de disparaître dans des régions voisines, ce qui explique l’importance de l’île de Ré pour les opérations de sauvegarde (Teloschistes chrysophtalmus par exemple). Mais il faut savoir que les naturalistes qui étudient les Lichens sont très peu nombreux et qu’il faudra un peu de chance pour qu’un jeune naturaliste choisisse de prendre ce créneau avec l’espoir de devenir assez rapidement un bon spécialiste reconnu des Lichenologues.

Ces Lichens, du fait de leurs diversités et de leurs formes, sont une très bonne source d’inspiration pour les photographes, mais ceci est une autre histoire.

Teloschistes chrysophtalmus
Teloschistes chrysophtalmus
Crédits : Pierre Le Gall

B3 - Cormophytes

Cet ensemble correspond à tous les végétaux dont l’appareil végétatif est composé de 3 parties nettement différenciées : des racines, des tiges et des feuilles. Il comprend 3 grandes subdivisions qui ont été établies en relation avec les structures générales des plantes ainsi qu’avec celles de leurs organes de reproduction.

B31 - Bryophytes

Marchantia polymorpha
Marchantia polymorpha
Crédits : Pierre Le Gall

Ce sont les Mousses et les Hépatiques, qui prennent des formes très variées, mais qui n’ont jamais de véritables vaisseaux spécialisés pour le transport de la sève d’un point à l’autre de leurs structures. Ces végétaux n’ont jamais fait l’objet d’études ni d’inventaires particuliers sur l’île de Ré, car dans ce domaine, les spécialistes sont rares et les déterminations souvent difficiles.

Les espèces d’Hépatiques sont peu nombreuses sur l’île de Ré car ce sont des végétaux qui affectionnent généralement des milieux à très forte humidité atmosphérique et des sols. Notre liste n’en comporte que 7 espèces, qui par ailleurs sont localisées sur de très petites surfaces, à l’exception de Frullania dilatata qui est présente sur les branches de très nombreux arbres.

Tortula ruraliformis
Tortula ruraliformis
Crédits : Pierre Le Gall

Pour les Mousses qui colonisent de nombreux sols, aucune liste confirmée avec localisation précise des peuplements n’est disponible pour l’île de Ré et nous connaissons seulement des espèces communes avec les habitats équivalents présents sur le littoral de Charente Maritime. Tout le travail reste à faire à la condition qu’un spécialiste accepte de se lancer sur ce terrain. Du fait de la grande diversité des habitats naturels rétais, il y a de grandes chances de découvrir quelques raretés et de les inscrire au patrimoine naturel de l’île.

B32 - Ptéridophytes

Pteridium aquilinum (L.) Kuhn, 1879
Pteridium aquilinum (L.) Kuhn, 1879
Crédits : Pierre Le Gall

Ce sont des végétaux qui possèdent des vaisseaux pour transporter la sève d’un organe à un autre. Mais leur reproduction se réalise sans aucune structure florale différenciée. Seulement 3 familles sont connues sur l’île de Ré :

B321 - Equisétacées

Une seule population a été signalée avec une seule espèce pour les Prêles qui recherchent généralement des terrains à très forte humidité permanente (Equisetum arvense).

B322 - Ophioglossacées

Comme pour la famille précédente, une seule petite station pour la seule espèce répertoriée sur l’île (Ophioglossum vulgatum).

B323 - Fougères
Polypodium interjectum Shivas, 1961
Polypodium interjectum Shivas, 1961
Crédits : Pierre Le Gall

Certaines espèces sont très présentes comme la fougère aigle (Pteridium aquilinum) ou le Polypode intermédiaire (Polypodium interjectum). Mais ce ne sont que 10 espèces différentes qui sont connues.

Parmi elles, la Doradille marine (Asplenium marinum) est cependant d’une grande valeur patrimoniale pour l’île de Ré puisque 2 stations y sont connues et suivies, alors que l’ensemble du littoral entre La Vendée et la frontière espagnole n’en possède que 3 autres. Pendant plusieurs années, les botanistes considéraient d’ailleurs que cette espèce avait totalement disparu et ce n’est que grâce aux nombreuses prospections de quelques personnes, que les 2 stations rétaises ont été retrouvées (dont une dans un vieux puits !).

Asplenium marinum L., 1753
Asplenium marinum L., 1753
Crédits : Pierre Le Gall

B33 – Spermatophytes

Ce groupe comporte toutes les plantes qui se reproduisent grâce à des graines qui sont dispersées après avoir pris naissance par la fusion de deux cellules particulières, un grain de pollen et un ovule.
Pour simplifier, ces plantes sont regroupées dans deux ensembles selon que les graines sont directement au contact de l’extérieur (à nu = Gymnospermes) ou enfermées dans un fruit (caché = Angiospermes).

Pinus pinea L., 1753
Pinus pinea L., 1753
Crédits : Pierre Le Gall
B331 – Gymnospermes
Cupressus macrocarpa Hartw., 1847
Cupressus macrocarpa Hartw., 1847
Crédits : Pierre Le Gall

Pour l’île de Ré, ce sont globalement des arbres tels que les pins, les cyprès, les cèdres, les ifs, mais aussi une plante herbacée commune sur nos dunes, l’Éphédra.

En 1994, un inventaire très complet, réalisé par André TERRISSE, a été publié par la Société Botanique du Centre-Ouest. Il comportait 13 espèces de Gymnospermes alors qu’actuellement l’inventaire actualisé par l’association Ré Nature Environnement en signale 19 espèces. Peu d’entre elles sont de nouvelles introductions mais seulement des découvertes de petites populations qui n’avaient pas été prospectées.

Ephedra distachya L., 1753
Ephedra distachya L., 1753
Crédits : Pierre Le Gall
B332 – Angiospermes
Inflorescences d'Arctium minus (Hill) Bernh., 1800
Inflorescences d’Arctium minus (Hill) Bernh., 1800
Crédits : Pierre Le Gall

C’est dans ce groupe que se trouvent l’immense majorité des arbres et herbes qui développent des fleurs plus ou moins complexes et esthétiques. Au centre de ces fleurs il y a une masse de tissus, l’ovaire, qui se développera pour se transformer en un fruit. C’est au sein de l’ovaire que se différencient des ovules qui après fécondation par un grain de pollen, donneront des graines cachées de l’extérieur.

Avena sterilis L., 1762
Avena sterilis L., 1762
Crédits : Pierre Le Gall

En 1994, l’inventaire d’A. TERRISSE comportait 715 espèces d’angiospermes, contre 867 à ce jour dans nos listes.

Centaurea calcitrapa L., 1753
Centaurea calcitrapa L., 1753
Crédits : Pierre Le Gall

Les inventaires proposés à la CDC en 2016 ne peuvent être pris en compte car les auteurs n’ont étudié que des espèces qui ont le qualificatif « d’espèces déterminantes » ou protégées réglementairement. Ce statut reconnu administrativement est attribué par rapport à une caractéristique particulière comme la rareté, la répartition géographique ou le risque de disparition.

Hyacinthoïdes non-scripta (L.) Chouard ex Rothm., 1944
Hyacinthoïdes non-scripta (L.) Chouard ex Rothm., 1944
Crédits : Pierre Le Gall

Les 150 nouvelles espèces de l’inventaire sont soit des importations récentes, soit des peuplements de petite importance qui étaient passés inaperçus, soit encore des espèces invasives apportées du continent par les entreprises de travaux publics.

Ce sont principalement ces végétaux Spermatophytes qui sont à l’origine de beaucoup des paysages rétais, base essentielle de l’attraction touristique.

Iris reichenbachiana Klatt, 1866
Iris reichenbachiana Klatt, 1866
Crédits : Pierre Le Gall
Lysimachia monelli (L.) U.Mann & Anderb., 2009
Lysimachia monelli (L.) U.Mann & Anderb., 2009
Crédits : Pierre Le Gall
Viola arvensis Murray, 1770
Viola arvensis Murray, 1770
Crédits : Pierre Le Gall
Ophrys apifera Huds., 1762
Ophrys apifera Huds., 1762
Crédits : Pierre Le Gall

C - Les ANIMAUX

Les animaux sont des organismes incapables de produire de la matière organique nouvelle. Pour vivre, ils doivent se nourrir en transformant des aliments grâce à des organes digestifs très spécialisés.

Ils sont présents dans tous les milieux terrestres et aquatiques (eau douce ou eau de mer). Le règne animal est subdivisé en de nombreux groupes en relation avec la complexité de leur organisation. La présentation simplifiée que nous adoptons ici va des structures les plus simples aux plus complexes.

C1 – Spongiaires (= éponges)

Tethya aurantium
Tethya aurantium
Crédits : Pierre Le Gall

Ce sont des organismes fixés sur divers substrats durs tous situés en milieu aquatique.
Sur l’île de Ré, l’absence quasi absolue d’eaux douces conduit à ce que toutes les espèces d’éponges soient des espèces marines que nous rencontrons sur les estrans rocheux.

Ils sont formés par l’association de seulement 2 types de tissus, une couche protectrice extérieure (ectoderme) et une couche interne (endoderme) qui assure toutes les fonctions physiologiques.
Ce sont des animaux qui filtrent l’eau qui les entoure pour y prélever l’oxygène dont ils ont besoin (respiration) et les petites particules organiques dont ils se nourrissent (alimentation).

Halichondria panicea
Halichondria panicea
Crédits : Pierre Le Gall

Il est souvent très difficile de les déterminer avec précision car leurs formes et leurs couleurs sont extrêmement variables selon les conditions de courant et de lumière que chaque individu doit supporter, ce qui nécessite des examens microscopiques de leurs pièces squelettiques en particulier. Ceci explique le peu de mentions d’espèces correctement déterminées. Aujourd’hui, strictement aucun inventaire de ce groupe d’animaux n’a été réalisé pour l’île de Ré. Cependant, avec l’habitude que nous avons par la fréquentation d’autres estrans atlantiques, il faut admettre qu’une évaluation à environ 50 espèces autour de l’île de Ré est tout à fait plausible, les milieux littoraux riches en particules fines leur étant particulièrement favorables. Le bilan de la macrofaune des pertuis publié en 2000 n’en signale que 19 espèces.

Dysidea fragilis (Montagu, 1814)
Dysidea fragilis (Montagu, 1814)
Crédits : Pierre Le Gall

L’analyse des récentes études des estrans rétais réalisées par un bureau d’étude démontre qu’elles n’apportent strictement aucun renseignement utile pour la connaissance des peuplements d’éponges du fait de nombreuses erreurs dans les diagnoses proposées.

C2 – Cnidaires

Les cnidaires forment un très vaste groupe d’organismes aquatiques très variés dans leurs formes et leurs habitats. Certains vivent fixés (hydraires et anémones), d’autres font partie du plancton (méduses). Le corps de certains est nu alors que d’autres espèces sont protégées dans des squelettes externes. Beaucoup sont isolés alors que diverses espèces forment des colonies complexes. Tous présentent cependant des caractéristiques communes : constitués comme les éponges de seulement 2 types de tissus, ils possèdent tous des cellules urticantes qui leur permettent de capturer leurs proies et de se défendre. Il est illusoire de vouloir consulter des listes d’espèces présentes sur les côtes rétaises, aucun inventaire global de ce groupe n’ayant été envisagé, et seuls divers travaux scientifiques présentent des listes partielles qui se recoupent plus ou moins.

Anemonia sulcata (Pennant, 1777)
Anemonia sulcata (Pennant, 1777)
Crédits : Pierre Le Gall

L’habitude que nous avons par la fréquentation des estrans atlantiques dont ceux de l’île de Ré, nous permet seulement d’avancer une évaluation qu’il serait utile d’approfondir.
Le chiffre global de 140 est certainement une valeur très proche de la réalité et peut se subdiviser en 5 grosses méduses, 80 hydraires coloniaux fixés, 30 anémones de mer, et 25 espèces diverses appartenant à de petits groupes systématiques (lucernaires, physalie, madréporaires, gorgones, etc.). Dans cette évaluation, il n’est absolument pas tenu compte de dizaines de petites espèces de méduses planctoniques présentes dans les eaux littorales et qui n’ont jamais été regardées.

Vellela vellela
Vellela vellela
Crédits : Pierre Le Gall

C3 – Cténaires

Ces animaux appartiennent au plancton et s’échouent sur les plages rétaises lorsque les vents poussent les couches superficielles vers les côtes. Ils sont proches des cnidaires dans leurs organisations mais s’en différencient seulement du fait que leur système de défense n’est pas constitué par des cellules urticantes mais par des cellules collantes, sécrétrices de mucus gluant.
C’est un très petit groupe d’animaux avec seulement 2 espèces fréquentes.

C4 – Plathelminthes (= planaires)

Les plathelminthes sont des animaux exclusivement aquatiques, marins et d’eaux douces, qui vivent soit à la surface des substrats rocheux, soit enfouis dans les sédiments fins des plages. C’est un groupe complexe, assez peu étudié généralement et qui n’a fait l’objet d’aucune recherche systématique sur les côtes rétaises. Les espèces qui peuvent être présentes sont au nombre de 20 environ. Beaucoup sont des carnivores très actifs.

Convoluta roscoffensis
Convoluta roscoffensis
Crédits : Pierre Le Gall

L’une des espèces les plus spectaculaires est Convoluta roscoffensis, mesurant quelques mm de long seulement, et qui recherche les écoulements d’eau de « l’horizon des sources » sur les plages de sables bien brassés par les vagues. Associés à des algues microscopiques, ils ont des mouvements de migration verticale au sein du sable, en relation étroite avec le cycle des marées afin de pouvoir exploiter un maximum de lumière lors des marées basses. Il a été démontré qu’ils ont une parfaite mémoire des horaires de marée du lieu qu’ils habitent.

Depuis quelques années, 3 ou 4 espèces de plathelminthes terrestres, mangeurs d’escargots et de vers de terre, ont fait leur apparition sur l’île, transportés dans les pots de fleurs qui servent à agrémenter les jardins des particuliers et les parterres fleuris. Ce sont de redoutables espèces invasives qui recherchent des secteurs terrestres humides et qui risquent de détruire les populations naturelles de vers de terre si utiles aux cultures alimentaires.

C5 –Némertes

Très proches des planaires, ces animaux ont un corps longiligne, très extensible, aplati dorso-ventralement, non segmenté en anneaux. Environ 70 espèces sont potentiellement présentes sur les estrans rétais.

De nombreuses espèces vivent au niveau des estrans rocheux, souvent cachées dans les fissures des roches et les couverts végétaux, mais il y a aussi tout un groupe de Némertes fouisseuses qui fréquentent les sables fins des plages ou les individus se déplacent à la recherche de leurs proies.
L’une des espèces de Némertes (Lineus longissimus) est très commune dans les champs de blocs fréquents sur les estrans rétais. Le corps replié sur lui-même forme une masse plus ou moins volumineuse de couleur rouge – lie de vin, souvent en partie cachée dans une anfractuosité de la roche. Cette espèce très fréquente détient le record absolu de taille pour les animaux en France, puisqu’elle atteint généralement une dizaine de mètres de longueur, mais peut atteindre et même dépasser les 15 mètres !!!

C6 – Nématodes

Les Nématodes sont des animaux qui sont « tous pareils » pour les observateurs : corps allongé, cylindrique effilé aux deux extrémités, non segmenté, couvert d’une cuticule imperméable protectrice. Il y a cependant des milliers d’espèces différentes qui se répartissent dans tous les milieux. Certains sont libres, d’autres parasites, d’autres sont responsables de maladies. Beaucoup sont très petits et leur étude nécessite l’utilisation de microscopes et de moyens techniques très spécialisés. Leur détermination spécifique est particulièrement difficile ce qui explique le peu de données accessibles pour les espèces libres. Donc l’inventaire reste entièrement à faire et l’évaluation du nombre d’espèces rétaises est absolument impossible à faire à ce jour.

C7 – Annélides

Les Annélides ou vers annelés représentent un groupe très important tant par leur rôle dans les écosystèmes que par le nombre d’espèces.

Ce sont des animaux dont le corps est constitué d’une succession d’unités structurales équivalentes les segments ou anneaux.

Il est cependant possible de les subdiviser en 3 unités différentes en relation avec la présence de soies externes : les Polychètes avec deux groupes de nombreuses soies à chaque segment, les Oligochètes dont les soies sont regroupées par petites unités, et les Achètes qui ne possèdent aucune soie extérieure.

Les annélides sont présents dans les milieux aquatiques, terrestres humides, terrestres secs.
Sur l’île de Ré, les données bibliographiques sont rares et ne comportent que quelques espèces, alors qu’il y en a un grand nombre.

C71 – Polychètes
Sabellaria alveolata
Sabellaria alveolata
Crédits : Pierre Le Gall

Les Polychètes sont présents dans tous les relevés de la faune aquatique. Ils vivent aussi bien sur les substrats durs, dans les roches calcaires, que dans les sédiments de toutes les granulométries. Les segments de la région antérieure portent des appendices spécialisés, sensoriels ou respiratoires. Le début du tube digestif possède souvent des différenciations utiles pour la préhension de la nourriture. Tous ne vivent pas librement à la surface ou dans les substrats, mais parfois ils fabriquent des tubes fixes soit en secrétant une substance qui agglomère des grains de sable, soit en secrétant du calcaire.

Nephtys hombergii
Nephtys hombergii
Crédits : Pierre Le Gall

Les espèces sont très nombreuses et sont réparties dans 30 familles différentes, qu’il ne peut être question d’énumérer ici. Les plus caractéristiques sont souvent citées dans des rapports et bilans de recherches. L’établissement d’un inventaire précis est certainement nécessaire pour que certaines espèces soient prises en considération dans les programmes de gestion des milieux littoraux.
Pour ne prendre qu’un seul exemple, les Hermelles (Sabellaria alveolata) vivent groupées en grosses populations et construisent des tubes avec du ciment et des grains de sable parfaitement calibrés. Les récifs qui en résultent assurent une protection efficace du trait de côte en brisant les houles. Elles sont considérées comme une espèce à protéger partout où elles existent.

L’île de Ré est une zone où elles sont particulièrement abondantes car elles y trouvent simultanément des substrats durs où se fixer, puis des sables mobiles où elles trient les grains qui leur sont indispensables pour la construction de leur tube et enfin de nombreuses particules nourricières en suspension dans l’eau.

Spirographe
Spirographe
Crédits : Pierre Le Gall

L’évaluation du nombre probable d’espèces de Polychètes sur nos côtes est d’environ 170, chiffre extrait des listes établies par les scientifiques de l’Université de La Rochelle, spécialistes de la macrofaune benthique.

C72 – Oligochètes

Ces vers à soies peu nombreuses sont présents principalement en milieu terrestre (= vers de terre), mais aussi dans les eaux douces et marines. La région antérieure de leur corps ne comporte aucune différenciation ni à l’extérieur, ni au début du tube digestif.

Lumbricus
Lumbricus
Crédits : Pierre Le Gall

Les formes aquatiques sont surtout bien représentées dans les eaux douces, ce qui rend leur présence assez rare sur l’île de Ré.

L’île de Ré compte sans doute une dizaine d’espèces terrestres et 5 marines.

C73 – Achètes (= sangsues)

Les segments ne portent aucune soie. Les parties antérieure et postérieure du corps différencient une ventouse, ce qui permet que ces animaux se déplacent sur des supports en utilisant une technique d’arpentage, ou qu’ils se fixent sur un support favorable.

Une quinzaine d’espèces seulement sont susceptibles d’être observées sur le littoral rétais, toutes parasites fixées sur les poissons marins qui leur servent de nourriture.

La rareté des eaux douces sur l’île de Ré fait qu’il est sans doute difficile d’y observer des sangsues libres.

C8 – Mollusques

Les mollusques sont des animaux à corps mou, normalement divisé en 3 parties : une tête, un corps et un pied. Beaucoup secrètent une coquille calcaire externe.

On trouve des Mollusques dans tous les milieux, et ils sont abondants sur les territoires rétais.

Ce site internet fait état de 55 espèces terrestres et de 195 espèces marines.

Mais il faut savoir que très peu d’études ont été effectuées en particulier dans les milieux terrestres. Cela veut dire qu’il y en a certainement d’autres espèces et que le chiffre global actuel de 250 sera revu à la hausse.

Ils ont étés regroupés au sein de 5 classes principales en relation avec leurs structures.

C81 – Polyplacophores (= Chitons)
Acanthochitonia fascicularis
Acanthochitonia fascicularis
Crédits : Pierre Le Gall

La coquille dorsale de ces mollusques tous marins est formée de 8 plaques impaires. Le pied est modifié en une large surface pour permettre la reptation sur des substrats durs. Lorsqu’ils sont décollés de leur support, ils se roulent en boule pour se protéger. Environ une dizaine d’espèces sur nos côtes rocheuses, dont 3 sont nettement plus courantes. Ils sont souvent très mimétiques avec leur environnement ce qui rend difficile la récolte des espèces les plus rares.

C83 – Gastéropodes
Patella depressa Pennant, 1777
Patella depressa Pennant, 1777
Crédits : Pierre Le Gall

La coquille de ces mollusques est formée d’une seule pièce, généralement en cône enroulé en spirale. Parfois, la coquille a disparu et les animaux sont alors entièrement mous (limaces terrestres et nudibranches marins). Ils vivent aussi bien en milieu aquatique (eaux douces et eau de mer) que terrestre. Leur pied qui est en positon ventrale leur sert à ramper et se déplacer à la surface des supports.

Euspira nitida (Donovan, 1804)
Euspira nitida (Donovan, 1804)
Crédits : Pierre Le Gall

Le bilan des espèces citées dans les publications sur les peuplements marins fait état de 156 espèces différentes présentes dans les eaux littorales charentaises.

Pour être complet, il faudrait ajouter les espèces terrestres (escargots, limaces…), dont les micro gastéropodes très présents en particulier dans les litières des sous-bois, mais qui n’ont pratiquement fait l’objet d’aucun inventaire.

Arion rufus (Linnaeus, 1758)
Arion rufus (Linnaeus, 1758)
Crédits : Pierre Le Gall
C84 – Scaphopodes (= dentales)

La coquille des scaphopodes est un tube légèrement arqué. Les 3 espèces répertoriées dans le bilan des récoltes scientifiques sont marines. Ces animaux vivent enfouis verticalement dans les sédiments littoraux, partie large vers le bas. Leur pied en forme de soc de charrue leur sert pour l’enfouissement.

Dentalium vulgare
Dentalium vulgare
Crédits : Pierre Le Gall
C85 – Pélécypodes (= bivalves)

Leur coquille est formée de 2 valves latérales (1 à droite et 1 à gauche), qui se rejoignent dorsalement par des structures plus ou moins complexes qui fonctionnent comme une charnière pour assurer l’ouverture et la fermeture des deux valves. Leur pied est généralement adapté pour creuser les sédiments où la majorité d’entre eux vivent enfouis.

Macoma balthica
Macoma balthica
Crédits : Pierre Le Gall

Les chercheurs de l’Université de La Rochelle ont établi un bilan de toutes les espèces citées dans les différents rapports, et sont arrivés à 108 espèces marines pour le secteur des pertuis charentais, dont l’Île de Ré.

Cultellus pellucidus
Cultellus pellucidus
Crédits : Pierre Le Gall
C86 – Céphalopodes (= seiches, calmars et pieuvres)

Quand elle existe, leur coquille externe est recouverte par des tissus mous et semble être interne. Ce sont des animaux exclusivement marins. Les côtes rétaises en abriteraient une dizaine d’espèces différentes.

C9 – Bryozoaires

Bugulina turbinata
Bugulina turbinata
Crédits : Pierre Le Gall

Les espèces de ce groupe vivent en colonies, c’est-à-dire qu’ils se multiplient végétativement par bourgeonnement latéral et les individus restent au contact les uns des autres. Les individus sont très souvent protégés par une structure dure (calcaire ou chitineuse) qui forme des loges. Chaque loge a une ornementation spécifique utilisée pour les déterminations. Certains individus sont différenciés au sein des colonies et ont un rôle dans la protection de la collectivité. Les colonies sont souvent encroûtantes et collées à la surface de divers supports, mais il en existe aussi beaucoup qui forment des colonies dressées et plus ou moins ramifiées.

Bugula plumosa
Bugula plumosa
Crédits : Pierre Le Gall

Les espèces rétaises n’ont semble-t-il jamais été vraiment inventoriées.
Les listes obtenues sur des espaces atlantiques voisins laissent supposer que les estrans rétais pourraient abriter une cinquantaine d’espèces, le bilan de la macrofaune marine des pertuis faisant état de 48 espèces.

C10 – Echinodermes

Marthasterias glacialis (Linnaeus, 1758)
Marthasterias glacialis (Linnaeus, 1758)
Crédits : Pierre Le Gall

Tous les échinodermes sont des animaux exclusivement marins vivants au contact des fonds et qui évitent les eaux saumâtres et les apports d’eaux douces. Les parois de leur corps comportent des pièces calcaires qui forment un squelette et servent de support à des piquants plus ou moins développés. Ce sont des animaux qui ont des symétries à base 5, c’est-à-dire que tous les organes se répètent 5 fois, ou des multiples de 5.

Acrocnida brachiata (Montagu, 1804)
Acrocnida brachiata (Montagu, 1804)
Crédits : Pierre Le Gall

Leur organisation interne est toujours extrêmement complexe car ils possèdent plusieurs systèmes de circulation d’eau et de liquides intérieurs. L’un de ces système (= appareil ambulacraire) comporte des canalisations et des expansions externes qui vient palier une musculature peu développée pour assurer les déplacements de ces animaux. Les plus connus sont les oursins, les étoiles de mer et les ophiures.

Les estrans rétais en abritent environ 30 espèces.

Psammechinus miliaris (P.L.S. Müller, 1771)
Psammechinus miliaris (P.L.S. Müller, 1771)
Crédits : Pierre Le Gall

C11 – Arthropodes

Tous les arthropodes possèdent un squelette externe rigide, construit avec de la chitine. Les mouvements sont rendus possibles par l’existence d’interruptions dans cette carapace rigide, et d’articulations où la chitine reste fine et souple. C’est un groupe absolument gigantesque qui possède plusieurs millions d’espèces au niveau mondial. Ils vivent dans tous les milieux, c’est-à-dire dans toutes les eaux douces et marines, dans les terres des plus hostiles au plus riches, mais aussi dans les airs puisque beaucoup sont adaptés au vol.

Pour permettre de classer ces très nombreuses espèces, les arthropodes ont été subdivisés en 4 grands groupes auxquels viennent s’ajouter divers petites unités où sont placés des animaux dont l’organisation ne rentre pas dans les grandes subdivisions.

La diversité des arthropodes est immense et ce sont plusieurs milliers d’espèces qu’il faudrait citer dans l’inventaire de ce seul groupe sur l’île de Ré.

C111 – Crustacés
Niphargus puteanus
Niphargus puteanus
Crédits : Pierre Le Gall

Ce sont des arthropodes aquatiques, dotés de branchies externes pour assurer leur respiration. La carapace rigide est formée d’une trame chitineuse sur laquelle vient se déposer du calcaire qui renforce la solidité du squelette externe. Les plus petites formes vivent en pleine eau et constituent une part importante du plancton (Copépodes). Beaucoup d’autres vivent au contact des fonds, ce sont les crabes, les crevettes, mais aussi tout le groupe des isopodes et des amphipodes, ainsi que les formes fixées (balanes) pour ne citer que les sous-groupes les plus abondants. Le bilan de la macrofaune marine fait état de 200 espèces (hors copépodes) dans les eaux des pertuis charentais.
C’est également parmi les crustacés amphipodes que l’on trouve des espèces aveugles très spécialisées qui vivent dans les eaux douces souterraines (Niphargus puteanus par exemple sur l’île de Ré). D’accès difficile, les réseaux d’eaux souterraines rétais n’ont sans doute jamais été explorés et leurs peuplements sont pratiquement ignorés des scientifiques.

C112 – Chélicérates (= araignées et scorpions)
Argiope bruennichi (Scopoli, 1772)
Argiope bruennichi (Scopoli, 1772)
Crédits : Pierre Le Gall

Ce sont des arthropodes aériens et terrestres qui respirent grâce à des systèmes de cavités intérieures. Ils ont 4 paires de pattes locomotrices et des appendices spécialisés autour de la bouche, les chélicères. Ce sont essentiellement les araignées pour lesquelles aucun inventaire n’a jamais été réalisé à l’échelle rétaise, même si quelques espèces ont été reconnues. Un début d’inventaire est en cours sur 3 sites de Charente Maritime (mais pas sur les îles) avec un bilan provisoire actuel d’une centaine d’espèces dont beaucoup seraient aussi sur les îles. Tout reste donc à faire pour connaitre la réelle diversité rétaise de ces espèces.

Epeire diadème
Epeire diadème
Crédits : Pierre Le Gall
C113 – Insectes

Ce sont des espèces qui vivent presque toutes en milieu terrestre. Leur respiration se fait grâce à des réseaux internes de tubes (trachées) qui amènent l’air et l’oxygène jusqu’aux organes. Ils ont 3 paires de pattes et souvent 2 paires d’ailes. Leur tête est bien individualisée par rapport au reste du corps. Leur carapace est strictement chitineuse.

Fourmillion
Fourmillion
Crédits : Pierre Le Gall

Sans doute existe-t-il plusieurs milliers d’espèces d’insectes différents en Charente Maritime et un peu moins sur l’île de Ré. Ils sont répartis dans une première série de groupes (= les Ordres) définis par les structures des ailes et dont les plus connus sont par exemple : Hétéroptères, Coléoptères, Diptères, Lépidoptères, Odonates, Orthoptères, Hyménoptères…

Phasme
Phasme
Crédits : Pierre Le Gall

Aujourd’hui, quelques-uns seulement de ces Ordres font l’objet d’inventaires partiels.

Citron
Citron
Crédits : Pierre Le Gall
C114 – Myriapodes

C’est un petit groupe d’espèces parmi les arthropodes qui ont une tête bien individualisée, qui vivent en milieu terrestre et qui ont un nombre important de paires de pattes locomotrices fixées sur des segments nombreux, d’où leur nom général de mille-pattes. Les vrais mille-pattes ont une seule paire de patte par segment, alors que les iules en ont deux. Quelques espèces vivent dans le milieu marin, en particulier dans les fissures des roches du haut des estrans où durant les périodes de pleines mers, ils trouvent refuge dans des poches d’air.

C12 – Prochordés

Les Prochordés sont des animaux relativement très évolués, disposant d’une organisation complexe, qui passent tous par un stade plus ou moins long de leur cycle vital caractérisé par la présence d’un axe squelettique fibreux dorsal par rapport aux organes internes. Cet axe est la base de la colonne vertébrale caractéristique des vertébrés.

Claveline
Claveline
Crédits : Pierre Le Gall

Dans les grands axes de l’évolution, ils occupent une place déterminante à la jonction entre les invertébrés et les vertébrés, et à ce titre ils seraient une étape privilégiée à l’origine de la lignée humaine.

Ils sont tous aquatiques et marins, vivants fixés sur des supports durs ou libres.
Séparés en deux ensembles en relation avec la position de la « chorde » dans le corps.

C121 – Céphalochordés
Ciona intestinalis
Ciona intestinalis
Crédits : Pierre Le Gall

Une seule espèce pour ce groupe (Amphioxus lanceolatus) qui ressemble à un petit poisson de 5 cm environ. Ils vivent enfouis dans les fonds sédimentaires grossiers des côtes atlantiques et en particulier dans ceux des pertuis charentais. Chez eux, la corde est localisée à toute la longueur du corps et reste présente durant toute la vie des individus.

C122 – Urochordés
Convoluta roscoffensis
Convoluta roscoffensis
Crédits : Pierre Le Gall

Leur chorde dorsale n’est présente qu’au niveau de la queue de leurs larves et disparait lors de la métamorphose qu’ils subissent.

Ce sont entre autre les ascidies (= pissous) qui vivent fixées sur divers supports durs et les thaliacés qui sont libres et constituent une partie du plancton.

Environ 30 espèces sont répertoriées sur nos estrans.

Le corps est enfermé dans une paroi protectrice externe qui est exceptionnellement constituée par de la cellulose ce qui est un cas unique car cette substance est normalement caractéristique des végétaux. C’est ici l’une des « anomalies » que la nature réserve à ses initiés.

C13 – Vertébrés

Ce sont des animaux qui possèdent tous un squelette osseux interne comprenant un axe articulé : la colonne vertébrale sur lequel viennent s’appuyer 4 membres leur servant lors de leurs déplacements (nageoires, pattes et ailes).
Ils vivent dans tous les milieux : aquatique, aérien et terrestre.

Raie
Raie
Crédits : Pierre Le Gall
C131 – Poisson

Ce sont des animaux aquatiques, avec un corps protégé par des écailles extérieures, qui respirent par des branchies et se déplacent grâce à leurs nageoires.

Pour la faune rétaise, 2 ou 3 espèces seulement vivent dans les eaux douces (fossés et bassins), dont les Gambusies qui ont été introduites pour lutter contre les moustiques. Toutes les autres espèces sont marines.

Atherina presbyter
Atherina presbyter
Crédits : Pierre Le Gall

IFREMER a publié une liste de 59 espèces capturées au cours de plusieurs campagnes de pêche destinées à dresser l’inventaire de ce groupe. L’analyse de cette liste comparée aux observations sur les terrains démontre que plusieurs espèces liées aux estrans rocheux n’ont pas été citées. L’inventaire général ferait donc état de plus de 65 espèces de poissons.

C132 – Amphibiens
Crapaud calamite
Crapaud calamite
Crédits : Pierre Le Gall

Ce sont des animaux qui fréquentent exclusivement les eaux douces de façon permanente ou seulement temporaire durant la période de reproduction. Du fait que ces eaux douces soient rares sur l’île de Ré, le nombre d’espèces sera très faible par rapport à ce qui existe sur le continent.

Rainette méridionale
Rainette méridionale
Crédits : Pierre Le Gall

Sont connus 2 tritons, 2 grenouilles et 3 crapauds, ce qui correspond à une très faible diversité.

C133 – Reptiles
Vipère aspic
Vipère aspic
Crédits : Pierre Le Gall

Animaux terrestre couverts d’écailles, les reptiles sont très peu diversifiés sur l’île de Ré, avec seulement 2 lézards et 2 serpents. A ces rares espèces terrestres il faut bien entendu ajouter 4 espèces de tortues marines qui fréquentent régulièrement les eaux des pertuis charentais.

Lézart vert
Lézart vert
Crédits : Pierre Le Gall
C134 – Oiseaux

Bien connus pour être des espèces aériennes capables de voler grâce à des ailes et des plumes. La LPO tient à jour une liste de 340 espèces ayant été identifiées sur l’île de Ré au fil des années.

Oiseaux divers
Oiseaux divers
Crédits : Pierre Le Gall

Connue pour ses zones humides et ses marais, l’île de Ré est en partie mise en réserve nationale pour accueillir de nombreuses espèces d’oiseaux nicheurs et migrateurs. C’est l’une des étapes privilégiée pour l’accueil de nombreuses espèces et un site d’importance mondiale pour quelques-unes d’entre elles.

C135 – Mammifères

Leur corps est couvert de poils, les jeunes sont nourris par les mères grâce à du lait qu’elles sécrètent.
Si la majorité des espèces répertoriées sur l’île de Ré sont terrestres, les eaux littorales sont fréquentées par plusieurs espèces de mammifères marins, dauphins et globicéphales en particulier.

Lapin de garenne
Lapin de garenne
Crédits : Pierre Le Gall

Les divers inventaires connus font état de 12 espèces de chauvesouris et 11 espèces de mammifères terrestres. Cela correspond à une faible diversité insulaire comparée à celle du continent charentais.
L’insularité se traduit aussi par l’absence de quelques espèces pourtant courantes sur le continent. L’exemple de la taupe absente sur l’île illustre bien cette anomalie.

Une dernière espèce n’apparait cependant jamais dans les inventaires de la biodiversité alors que sur l’île de Ré, 18 000 individus représentent une population permanente, et que plusieurs dizaines de milliers ont une fréquentation temporaire migratoire et saisonnière très prononcée. C’est Homo sapiens qui doit lui aussi être impliqué dans la biodiversité naturelle car son comportement territorial exacerbé le fait entrer en compétition destructrice avec toutes les autres espèces vivantes partageant son territoire. C’est pour cette raison qu’un bon nombre d’habitats naturels caractérisés par des espèces sauvages ont tendance à disparaître, dans une indifférence quasi absolue de cette espèce.